samedi, mars 25, 2006

Titou et Pirouette, pour enfants de tous âges

Voilà une courte nouvelle "policière" écrite pour les besoins d'un stage lorsque j'étais normalien 2e année (instituteur stagiaire). Elle n'est pas franchement policière au sens classique adulte du mot mais en reprend la trame et les principales étapes. Il s'agit ici d'un document introductif pour un projet d'écriture dans une classe de CM2 en "Brousse" à Pouembout. Je la trouve trop mimi LOL. Touchante. Mais je suis juge et parti alors ce que j'en pense... :-)

Titou & Pirouette

Titou et Pirouette, 2 copains inséparables, jouaient dans le pré d’à côté. Qu’importe la saison, qu’importe la façon, Titou trouvait toujours un jeu pour Pirouette et les deux lascars le pratiquaient pendant des heures et des minutes... à l’infini.

La mère de Titou s’inquiétait pour lui, elle ne connaissait pas bien ce Pirouette : elle ne l’avait jamais vu. D’ailleurs, personne au village ne l’avait jamais vu. Titou, quand on le croisait, disait qu’ils vivaient ensemble.
Les gens du coin en discutaient souvent entre eux. Le maire lui-même disait : “ Ce n’est pas possible, il affabule, personne ne connaît de Pirouette dans la région et aucun Pirouette sur mes registres ”.
Le facteur de surenchérir : “ Je n’est jamais eu à livrer de lettre à un Pirouette qu’il soit garçon ou fille ou que ce soit un nom de famille “.
Et la mère de finir : “ Mais enfin, aucun Pirouette ne loge chez moi ! ... Et s’il s’agissait d’un maniaque !!! -- Hooo... ! “ firent-ils tous en coeur.

Ce qui devait arriver arriva : tout le village voulait connaître le meilleur ami de Titou “ le fantôme Pirouette “ comme on s’était mis à l’appeler.
Un grand conseil exceptionnel se réunit dans la salle commune de la Mairie. Tous les avis fusèrent : capture de Pirouette, questionnement de Titou et même... torture s’il résistait à l’interrogatoire. Personne, bien entendu, n’écouta ce dernier avis car il provenait d’un général à la retraite échappé du gouvernement de Vichy pendant la seconde guerre mondiale.
La mère de Titou pleurait. Elle pleurait de voir son fils ainsi en prise à, elle en était désormais convaincue, un dangereux maniaque. Mais dans le doute, elle ne pouvait tout de même pas enfermer Titou et le priver de jeux comme le suggérait la femme du pasteur si stricte qu’aucun de ses enfants ne pouvaient jouer s’ils n’avait pas fait leur 8 prières du matin. Non, tout de même.
Au final, il fut décidé tout simplement, que la mère de Titou mènerait l’enquête avec son mari et que, dans sept jours exactement, ils viendraient tous les deux livrer leurs résultats.

Titou fut donc surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre par ses parents. Mais Titou était quelqu’un de très imaginatif, un grand rêveur un peu trop distrait pour ce douter une minute qu’il était suivi, surveillé et questionné l’air de rien par ses propres parents. En fait, Titou continuait à aller jouer dans les près avec Pirouette sans s’inquiéter le moins du monde de l’agitation qu’il provoquait au village et de ce qu’il était maintenant toujours suivi.
Titou, à cinq ans, jouait comme tous les enfants de son âge au cow-boy et aux indiens, à la guerre, aux supers héros, au docteur quand Suzette l’accompagnait : mais là sans Pirouette parce que Pirouette, il faut bien le dire, était très jaloux de Suzette.

Une semaine passa, le conseil à nouveau se réunit. Les parents de Titou très gênés dirent : “ On l’a suivi, surveillé tout le temps... même la nuit quand il dormait. On l’a questionné l’air de rien tous les jours, toutes les heures et même parfois toutes les minutes sans même qu’il se doute de notre problème, il est tellement distrait. Mais on ne sait toujours rien sur Pirouette, on ne l’a jamais vu. Titou joue toujours tout seul et il a continué de la même manière pendant toute la semaine, sauf quand Suzette, la fille du pasteur, le rejoignait pour jouer derrière les arbres dans les prés proche de la rivière. “ Elle se garda bien, en revanche, de préciser à quoi jouaient ces derniers quant ils se retrouvaient. Devant un tel vide, une telle aberration, on décida de régler le problème une bonne fois pour toute : le conseil convoqua Titou sur l’heure.
Sa maman partit le chercher dans les prés proche de la Mairie et quelques minutes plus tard celui-ci apparut. Tout le monde l’assaillit de milles questions, le pauvre enfant bien que très calme eût soudain très peur. Le maire calma ses administrés et demanda à Titou : “ Qui est Pirouette ? “. Titou ,qui se remettait de sa peur tout doucement, fut surpris par tant d’intérêt pour son compagnon : à cinq ans on sait quand même que le village ne se réunit pas pour rien. Cependant il répondit : ” Pirouette est mon meilleur ami depuis que j’ai quatre ans.
-- Et où habite-t-il ? questionna le maire.
-- Chez moi, répondit l’enfant.
-- Mais mon chéri, à part Papa et nous deux il n’y a personne d’autre dans notre maison, dit la mère inquiète.
-- Si. Il y a Pirouette. IL dort même dans le même lit que moi. Même qu’il te dit aussi bonne nuit le soir quand tu nous couches et que souvent, après, il pleure parce que jamais tu ne lui réponds par un gros bisou sur le front comme pour moi ou un petit mot gentil comme pour Papa.
-- Mais enfin, mon bébé, tu dors toujours seul le soir. Quand je te borde pour te dire bonne nuit il n’y a personne, répondit la mère. “
Et là, le médecin du village s’avança et parla à la mère : “ Je viens de me rappeler que parfois des enfants très imaginatifs peuvent s’inventer des amis imaginaires pour compenser un vide affectif, un manque de compagnon de jeux ou tout simplement pour répondre à une trop grande imagination. Mon garçon, demanda-t-il à Titou, quel âge à Pirouette ?
-- Il n’a pas d’âge Monsieur le docteur, il est né avec moi quand j’avais quatre ans. “
A ce moment, le village murmura. Plus personne ne savait où se mettre mais au moins savait-on qui était Pirouette.

FIN

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