vendredi, mars 17, 2006

Les oiseaux des mers et autres princes des Nués


Voilà un poème d'un auteur que j'adore, Baudelaire. A sa lecture, je me suis beaucoups identifié à son héros, à ce prince des nués, à cet Albatros.

L' Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

Baudelaire, Les fleurs du mal

Tout jeune je me suis souvent trouver comparable à cet albatros : à l'aise dans l'univers des idées, des rêves, des phantasmes et des concepts mais très peu dans le monde matériel et concret très hiérachisé et contraignant des humains. Je ne l'avais pas lu à l'époque mais lorsque que je l'ai découvert en cours de français au collège (après le primaire pour nous), je l'ai compris immédiatement. Juste avant de le lire, un autre oiseau des mers m'avait déjà fait don de ses grâces : j'ai eu ma seule bonne note en dictée avec un extrait de Richard Bach : Jonathan Livingstone le Goëland (Je crois que certains connaissent)... je l'ai lu bien plus tard mais j'ai ressenti là encore la même sensation, la même compréhension du texte et de la métaphore. Je suis moi-même un oiseau de mer qui veut aller plus haut et transcender son humanité. La différence est qu'avec l'âge, j'ai entre temps appris aussi à m'intégrer. je vous aimes ;-) Dimitri

1 commentaire:

Daniel French a dit…

Je t'aime aussi mon petit goéland ;-)